Mayotte: une île en rapide évolution
Situation géographique de Mayotte |
L'île connait une démographie accélérée, passant de 47 000 habitants en 1978 à 180000 en 2006 et un développement rapide au gré des évolutions successives de statut, la dernière en date établissant Mayotte en département français en mars 2011, un statut que possède déjà l'île voisine de la Réunion.
La modernisation des modes de vie et le développement rapide de l'urbanisation et des infrastructures a entrainé des bouleversements considérables et potentiellement critiques pour un espace micro-insulaire fragile, avec de multiples effets induits tels que l’érosion des bassins versants, les pollutions organiques et terrigènes, les risques accidentels et sanitaires, et l’augmentation de la vulnérabilité du lagon, d'autant plus dommageable que le lagon de Mayotte est un espace protégé (Parc Marin) placé depuis peu sous le contrôle du Conservatoire du Littoral.
L'action de l'Union Européenne et le 9e FED: Appui au Développement Durable de Mayotte
C'est pour aider Mayotte à relever ces défis que l'enveloppe du 9e FED de l'Union Européenne s'est focalisée sur trois aspects clés : le drainage et l'assainissement des eaux pluviales, le reboisement des zones d’érosion (padzas) et la gestion des déchets. Deux conventions de financement mobilisant un montant total de près de 24 millions d'euros ont été engagées à cette fin.
PEDMA Mayotte: Les installations à créer hors déchèteries |
Sous la première convention de 3,6 million d’euros, la capacité de gestion des projets FED par le Conseil Général de Mayotte a été renforcée et plusieurs études clefs ont été menées. Pour le secteur des déchets il a été vital d’élaborer leu Plan d’Elimination des Déchets Ménagers et Assimilés (PEDMA) adopté officiellement par Mayotte en septembre 2010. La seconde convention court jusqu'à fin 2013 et finance la mise en œuvre de travaux à hauteur de 20,5 millions d’euros dont 8,5 million d’euros seuls pour la construction d'une décharge contrôlée aux normes françaises et européennes, appelée Installation de Stockage de Déchets non dangereux (ISDnd) de Dzoumogné.
On estimait en 2007 la production totale de déchets à environ 55 000 tonnes/an, soit 293kg/hab., la plus grande majorité des déchets étant d’origine domestique (ordures ménagères et déchets verts). Les ordures ménagères représentent 217kg/hab., à comparer avec 391Kg/hab. en moyenne pour la France.
Mais cette situation est en rapide évolution et les projections effectuées dans le cadre du PEDMA montrent un triplement attendu de la production des déchets entre 2007 et 2030. Si on considère que les déchets sont actuellement stockés de façon sauvage sur quatre décharges créées dans les années 1980 qui ne sont conformes ni à la réglementation française ni aux exigences des directives européennes, on mesure l'ampleur des défis environnementaux et infrastructurels qui se posent à l'ile.
Par ailleurs, la directive européenne du 18 novembre 2008 fixe d’ici 2020, la préparation en vue du réemploi et le recyclage des déchets (…) passant à un minimum de 50% en poids total pour les déchets ménagers et assimilés et 70% pour les déchets de construction et de démolition. Quand aux lois françaises "Grenelles 1 et 2" qui en sont inspirées, elles sont davantage contraignantes au niveau national*.
Le PEDMA a établi qu'il n'était pas réaliste dans le contexte actuel d'appliquer ces lois à Mayotte à l'horizon 2020. Néanmoins, on évalue le défi qui se pose à Mayotte en termes de rattrapage par rapport aux objectifs nationaux.
Le PEDMA a établi qu'il n'était pas réaliste dans le contexte actuel d'appliquer ces lois à Mayotte à l'horizon 2020. Néanmoins, on évalue le défi qui se pose à Mayotte en termes de rattrapage par rapport aux objectifs nationaux.
* La réduction de production d'ordures ménagères de 7%/hab. pendant les cinq prochaines années; taux de recyclage matière et organique de 35% en 2012 et de 45% en 2015 (contre 24% en 2004), valorisation en 2012 de 75% des déchets d’emballages ménagers et des déchets d'entreprises assimilables aux déchets ménagers.
La réalisation phare du PEDMA - la future Installation de Stockage de Déchets non dangereux (ISDnd) de Dzoumogné - devrait pouvoir à terme stocker 2 millions de mètres cubes de déchets non dangereux pour une durée de vie évaluée à 30 ans. Le PEDMA montre que sans prévention, valorisation matière ou valorisation organique, cette durée serait réduite de moitié. Au-delà du besoin en infrastructures et de mise aux normes environnementales, il est tout aussi primordial de mettre en place des dispositifs limitant les quantités de déchets à éliminer (compostage, recyclages etc.). Le PEDMA préconise à cet égard tout un ensemble de mesures et de dispositifs afin d'atteindre cet objectif.
Globalement le défi de la gestion des déchets à Mayotte tel qu'adopté par le PEDMA peut se décliner selon 3 dimensions:
- Technique : 1/3 des tonnages valorisés et 2/3 éliminés - installations aux normes françaises et européennes
- Economique: investissement total de 60 million d’euros (dont 25 millions pour l'ISDnd, travaux et exploitation, plus de 12 millions pour les stations de transfert, etc.), soit 76 à 97 euros par habitant par an
- Institutionnel et social: renforcement majeur de l'intercommunalité de traitement à l'échelle géographique du département et renforcement pour la collecte d'une ampleur équivalente. Contenu en emplois générés entre 130 et 170.
Pour plus d'informations sur la Mayotte et l'UE, merci de vous diriger vers le site Internet de la Délégation.